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Louise Michel à travers ses archives

Une femme passionnée
Poème écrit après la mort de Théophile Ferré, 1872

Poème écrit après la mort de Théophile Ferré, 1872

La vie de Louise Michel peut être considérée comme un "roman picaresque" affirme Edith Thomas dans sa biographie. Elle la décrit comme une femme romantique, sentimentale et passionnée. Ainsi dans sa jeunesse tombe-t-elle éperduement amoureuse de Victor Hugo puis de Théophile Ferré. Elle peut aussi haïr passionnément, à tel point qu'en 1871, elle projette d'éliminer Adolphe Thiers. Au dernier moment, elle décide de ne pas mettre son plan à exécution.

Louise Michel est radicale dans ses jugements et reste fidèle à ses principes. Lors de son procès pour sa participation à aux émeutes de Paris, elle mène sa défense et refuse tout avocat. Elle défie les juges de la condamner à mort, au même titre que Théophile Ferré qui est fusillé le 28 novembre 1871. Le poème que nous vous proposons ici a été écrit par Louise Michel un an après la mort de son ami.

Au secours des hommes et des animaux
Lettre de Mme Chantraine à Louise Michel, 1883

Lettre de Mme Chantraine à Louise Michel, 1883

Depuis sa plus tendre enfance, Louise Michel ne supporte pas la cruauté ni la souffrance des gens et des animaux. Dans ses Mémoires, elle dit avoir volé son aïeul pour donner aux plus nécessiteux. A Paris, avec ses collègues institutrices, elle aide les pauvres, soigne les malades, fait la lecture aux aveugles et crée une sorte d'association afin d'instruire "les idiots et fous", comme elle l'explique dans un ouvrage éponyme. En prison, on dit qu'elle donne tout ce qu'elle reçoit à ses compagnes d'infortune.

Par ailleurs, Louise Michel recueille de nombreux animaux, notamment des chats, dans son domicile parisien. Déjà, avec son grand-père, soignait-elle les animaux malades et maltraités. La garde-malade de sa mère, Mme Chantraine, lui reproche dans cette lettre de plus s'en préoccuper que de ses amis.

L'écrivain
Lettre de M. Chalomon à Louise Michel, 1901

Lettre de M. Chalomon à Louise Michel, 1901

Lettre de M.Soledad à Louise Michel, 1901

Lettre de M. Soledad à Louise Michel, 1901

Comme le dit Edith Thomas dans sa biographie de Louise Michel "elle n'a de cesse toute sa vie de griffonner, d'exprimer en vers ses peines, ses joies et ses colères. " Cela lui vient de ses grands-parents, qui étaient habitués à noter, dans un livre dédié à cet usage, des poèmes et alexandrins concernant les évènements de leur vie et qui l'incitaient à faire de même. Vers l'âge de 12 ans, elle décide même de récrire l'Histoire Universelle de Bossuet, qu'elle trouve trop ennuyeuse.

Lorsqu'elle est institutrice à Audeloncourt, elle écrit des vers dans un journal local. C'est d'ailleurs à cette époque qu'elle remplace le nom de Demahis, avec lequel elle signe ses textes, par celui de Michel. Elle signe aussi quelques fois ses textes du nom de Enjolras - chef d'un groupe révolutionnaire dans Les Misérables - en hommage à Victor Hugo.

A Paris, du temps où elle est institutrice, Louise Michel lit beaucoup, écrit une multitude de poèmes, de romans, de contes pour enfants et compose même un opéra. Ses amis se chargent de publier ses ouvrages - près de 25 en tout - et articles de presse chaque fois qu'elle est en prison ou en voyage. Elle écrit dans des journaux tels que l'Intransigeant, Les Temps Nouveaux ou le Libertaire. Elle écrit aussi pour d'autres journaux, quand on le lui demande, comme ici pour La voix du peuple socialiste ou pour des journaux étrangers.

La militante
Lettre de M. Cornelissen à Louise Michel, 1896

Lettre de M. Cornelissen à Louise Michel, 1896

Louise Michel n'est pas une "révolutionnaire née" comme elle veut nous le faire croire dans ses Mémoires. C'est à Paris qu'elle commence à militer pour le droit des femmes. Elle participe par exemple au Groupe du Droit des Femmes avec André Léo (alias Léonide Champseix) et Maria Deraismes. Celles-ci demandent l'égalité d'instruction pour les deux sexes. Elle est également secrétaire de la Société Démocratique de Moralisation qui a pour but d'aider les ouvrières à vivre de leur travail et à lutter contre la prostitution.

Louise Michel choisit ensuite la voie de l'anarchisme et fonde en 1895 avec Sébastien Faure, Le Libertaire, organe de fédération anarchiste. Elle participe également à de nombreuses conférences en France et fait des meetings aux Pays-Bas, en Angleterre, en Belgique, en Afrique du Nord et reçoit des invitations pour l'Espagne et les Etats-Unis.

"L'ethnographe"
Lettre de Marie Ferré à Louise Michel, 1873

Lettre de Marie Ferré à Louise Michel, 1873

Depuis sa plus tendre enfance, Louise Michel est avide de connaissances et d'une grande curiosité intellectuelle. Ainsi, le 28 août 1873, alors qu'elle embarque pour la Nouvelle-Calédonie, est-elle impatiente de commencer ce voyage. Son amie Marie Ferré l'a bien compris et la soutient dans cette lettre. Malgré des conditions de vie difficile, Louise Michel met à profit cette expérience. Elle préfère la compagnie des autochtones à celle des Communards et découvre la culture canaque aux côtés de Daoumi, mélanésien travaillant dans l'enceinte fortifiée de Numbo. A son contact, elle apprend la langue, les chants, les légendes et rites canaques et consigne tout dans ses carnets. Louise Michel est également fascinée par la végétation calédonienne. Dès son arrivée, elle se construit une serre où elle mène des expériences scientifiques.

Les relations avec sa mère
Lettre de Marianne Michel à sa fille, 1883

Lettre de Marianne Michel à sa fille, 1883

La relation entre Louise Michel et sa mère est passionnelle. Toutes deux s'aiment mais se chamaillent. Dans cette lettre, on se rend compte que Marianne Michel ne comprend pas les opinions politiques de sa fille et ne la soutient pas dans ses actions. Elle aurait préféré une fille plus "docile".

Louise Michel s'attache cependant à la rassurer, notamment durant ses périodes d'emprisonnement. En 1883 par exemple elle lui fait croire qu'elle est, pour un an, à la prison de St Lazare alors qu'elle est condamnée à six ans de détention à la Centrale de Clermont. Elle va même jusqu'à lui écrire qu'elle a un bon lit, une belle vue et assez de nourriture alors qu'elle est emprisonnée dans des conditions difficiles. Marianne Michel est analphabète, il est donc aisé de lui cacher la vérité. Son entourage, qui a connaissance de cette mascarade, joue le jeu.

Les relations avec ses proches
Lettre de Mme Vaughan à Louise Michel, 1883

Lettre de Mme Vaughan à Louise Michel, 1883

D'après la diversité des lettres du fonds d'archives Louise Michel, il semble qu'elle soit entourée, tout au long de sa vie, de nombreux amis tels que Victor Hugo, Georges Clemenceau, Marie Ferré, Jules Guesde, le Marquis de Rochefort ou la famille Vaughan.

Elle entre en contact avec Victor Hugo pendant son adolescence en lui envoyant ses poèmes. Dès lors, ils entretiennent une correspondance soutenue. Georges Clemenceau quant à lui est un grand ami, rencontré à Montmartre, même s'ils ont des opinions politiques différentes. Par ailleurs, lors de ses conférences, elle est souvent accompagnée par le politicien Jules Guesde et Marie Ferré. Quant au Marquis de Rochefort et à Ernest Vaughan, ils subviennent financièrement à ses besoins. On voit bien à travers cette lettre que Louise Michel est proche de la famille Vaughan.

Ce qu'en pense l'opinion publique
Carte de visite de G. Magnier, 1888

Carte de visite de G. Magnier, 1888

Lettre de Louise Michel à M. Vaughan, 1891

Lettre de Louise Michel à M. Vaughan, 1891

Si l'on en croit le fonds d'archives de Louise Michel, elle reçoit des marques de sympathie de l'Europe entière. On lui demande des autographes, on lui pose des questions sur des sujets divers et variés, et elle y répond avec bienveillance. Elle reçoit, par exemple, de nombreuses lettres de soutien et de souhaits de prompt rétablissement, comme en atteste cette carte de visite, après qu'un homme a tiré sur elle lors d'un meeting au Havre en 1888.

Mais Louise Michel a également des opposants et ils sont nombreux. La police la fait suivre par des mouchards: au moindre faux pas elle est épinglée et arrêtée. Elle quitte Paris pour Londres en 1890, lasse des ragots et calomnies comme on le perçoit dans cette lettre adressée à M. Vaughan. Comme le dit sa biographe Edith Thomas, "En prison comme en liberté, Louise Michel n'a pas fini de faire parler d'elle".

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