Inventaire Louise Michel, no. 155
Mme Chantraine veille sur Marianne Michel de temps à autres.
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Transcription
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Le 15 octobre 83
Louise Michel, n°d'écrou 1317, cellule
Ma chère Louise,
Je vous prie de ne plus envoyer de lettres aussi inqualifiables à votre pauvre mère pour votre chatte. C'est moi, je vous le répète, qui ai fait tout le mal et le docteur. Quand vous serez libre vous pourrez, comme vous me l'avez déjà promis, m'écraser comme une mouche.
Je les connais toutes vos colères. Ce que vous ne pouvez pas mettre en doute, c'est l'affection que je vous ai donnée, ce n'est donc pas pour le plaisir de vous tourmenter que je l'ai fait.
Je n'ai pas voulu que vous puissiez vous reprocher d'avoir rendu votre mère malade. Il faut si peu de choses à son âge, mais vous voulez sans doute par toutes vos lettres insensées la tourmenter pour la faire tomber malade. Voulez-vous me dire le nombre de lettres que vous avez écrites à ce sujet ? Vous ne l'oserez pas. Vous auriez beaucoup mieux fait de donner l'argent des timbres à quelques malheureux. Mais vous mettez vos chattes au-dessus de votre bonté pour les malheureux.
Je vous dis comme le père Lustucru : Mme Michel, votre chatte n'est pas perdue, elle est à l'hôpital.
Henriette est une honnête femme qui soignait bien votre mère. Elle m'a promis de reprendre sa place quand elle aurait vu son enfant. Elle est [?] avec ses côtelettes. C'était pour vous prouver son dévouement. Ne croyez pas trouver dans une bonne toutes les qualités.
Je suis sûre que vous avez oublié la promesse, que vous m'aviez faite, d'écrire à M. Clemenceau, pour savoir si le code accordait de faire une rente aux nourrices qui avaient le mieux et le plus soigné d'enfants.
Quand vous m'aurez bien maudite, j'espère que vous me répondrez à ce sujet.
Dans cet espoir je vous embrasse et vous aime quand même.
F. Chantraine
Cette transcription respecte l'orthographe originale du texte. Cependant, la ponctuation ainsi que certains accents ont pu être ajoutés.